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A revista «La Pêche Illustrée», nos números 3, 4, 5 e 6 (de 15 de Março a 15 Junho) de 1912 publicou uma sequência de quatro artigos, «Les Açores», sobre os Açores. Esta revista pertencia ao «Fishing-Club de France», que entre os seus membros honorários contava com «M. le colonel Chaves [Francisco Afonso Chave], directeur du Service météorologique Observatoires des Açores, à Ponta Delgada, île San-Miguel ( Açores)»:
« Nous allons donner dans ce Numéro et dans les Numéros suivants de la Pêche Illustrée le récit d’un voyage aux Açores, dont la première partie, toute descriptive, a été écrite par M. de Pitray, notre administrateur-délégué. La seconde partie, due à la plume si fine de M. Octave Houdaille, administrateur aussi du F. C. F., constitue en quelque sorte la synthèse de cet intéressant voyage, très facile à exécuter dès les premiers beaux jours. Les auteurs tiennent à remercier spécialement ici les très aimables amis Portugais qui leur ont facilité l’accès de leur merveilleux pays ; M. le colonel Chaves, gouverneur militaire de San-Miguel ; MM. Brito do Rio [Miguel de Brito do Rio Abreu?] et Tavares de Souza [Maurício Tavares de Sousa?].
Ils remercient également l’aimable et distingué dessinateur Fernand Maissen du charmant dessin qu’il a bien voulu faire pour l’entête de ces articles.»
Notas sobre os autores:
– Visconde de Pitray, administrador delegado do «Fishing Club de France», era provavelmente Paul de Pitray (1862 – 1942), homem de letras e militar francês. Ver https://www.chateau-pitray.com/en/search-the-archives-room/ e https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_de_Pitray.
– Octave Houdaille (1858 – 1939), administrador do «Fishing Club de France», era um advogado, poeta, jornalista e político francês. Ver https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Octave_Houdaille e https://data.bnf.fr/16368274/octave_houdaille/.
– Sobre Fernand Maissen consegui apenas apurar que nasceu em 1873. Mas encontram-se muitos desenhos dele procurando no Google.
As fotografias que acompanham os artigos são extraordinárias, particularmente os retratos que acompanham o texto de Octave Houdaille.
Quanto aos prisioneiros da rebelião ronga (1894-1895):
– Ngungunhane morreu a 23 de dezembro de 1906.
– Godide faleceu aos 35 anos, em 1911.
– Molungo, já acima dos 80 anos, faleceu em 1912.
– Zixaxa, faleceu em 1927, já com família local.
Extractos:
«La dernière côte est montée. Nous voici dévalant, toujours entre deux haies d’hortensias, sur le flanc du cratère, au fond duquel se trouve Fumas. La végétation tropicale, dans qui bordent le chemin, se marie à celle de nos contrées ; traste en est saisissant, il étonne, comme étonne d’apercevoir au fond du cratère, en forme de cuvette oblongue, l’immense glace d’un lac de 2.000 mètres de diamètre.C’est Annecy en miniature. Au pied du mont, quelques maisons blanches se mirent dans l’eau, présidées par le clocher rêveur d’un sanctuaire. Un lac semblable, plus imposant même, se rencontre à l’autre extrémité de l’ile, dans le cratère de Siete cidades ; nous le visiterons une fois.
Pour l’instant, nous sommes tout à la surprise de trouver, en abordant Fumas, un village d’apparence française. Une rue ondule de la vallée au mamelon voisin ; quelques venelles la coupent, c’est tout. Mais ce nid si propre, si allègre, s’appuie sur un velours émeraude tellement découpé, varié de tons, se baigne
dans un torrent si pur et si chanteur, qu’en face de cette trouvaille l’on se demande si vraiment un coup de baguette féerique ne nous a pas transporté dans Mars ou Saturne ?» – Vicomte de Pitray
«Derrière ce rébarbatif mont Brasil, une délicieuse baie se creuse, cachette sur un rivage tout paré de bosquets et d’habitations ivoirées. Ce coffret de velours vert, sur lequel s’étalent les villas açoréennes, est un des plus jolis paysages des îles. Nous l’admirons au retour, au moment où le soleil vient de mourir dans la mer. Cet évanouissement de la lumière entraîne nos pensées, cela va de soi, plus loin que l’horizon déjà spectral de la côte. Réunis sur la passerelle, nous nous taisons tous. La pénombre s’accentue. Seul un petit clocher blanc est maintenant visible. Le commandant ne le quitte pas des yeux ; j’interroge-du regard, et le rude marin m’avoue :
— Cette chapelle, cette petite chapelle que vous voyez, c’est sous sa coupole rustique que ma mère me porta jadis. C’est là que je reçus le baptême, le baptême avec de l’eau, présage d’avenir pour moi, n’est-ce pas ? Elle habite à deux pas, ma mère, cette maisonnette à peine visible. Mais, depuis les années que je navigue, elle passe bien plus de temps sous ce clocher que dans sa maison. Est-ce qu’on sait jamais……
Un des passagers, déchirant alors une feuille de son carnet, transcrivit le sonnet suivant :
Clocher Natal
En plein Océan bleu, dans la plus douce
Un clocher pointe, assis sur sa nef en berceau,
Les deux bras de sa croix — deux ailes! — vers l’aurore
Sont tendus et la nef couve comme un oiseau.
Elle couve une mère à genoux qui décore
La vasque où fut chétien l’enfant sacré par l’eau :
Fontaine de Celui dont la main s’ouvre encore
Pour caresser tous ceux qu’a séparés son flot.
Le soir se fait, l’ombre épaissit, l’Angelus tinte,
— « N’oubliez pas, Seigneur, l’enfant de votre eau sainte
Chef de mon âme et chef du noir vaisseau qui fuit… »
Et pour la mère en deuil la croix haute surveille,
Plus loin que la Vigie et le fanal de Veille,
Le chemin du Vaisseau qui vire dans la nuit.» – Vicomte de Pitray
«Quelques heures de bateau nous mènent à Graciosa, dont la ville porte le doux nom de Praia. La végétation forestière semble dominer par ici, ce qui donne aux paysages un cachet de mélancolie.
Finalement, nous voici devant la ville d’Horta, dans l’île de Fayal. C’est le point terminus de ce paquebot, qui laisse à un autre steamer, une fois par mois, le soin de visiter Corvo et Flores, trop éloignées de cet archipel.
A terre, notre première visite est pour l’observatoire météorologique que va inspecter notre savant ami le colonel Chaves. Nous y recevons l’accueil le plus cordial. J’apprends, en passant, que l’Allemagne aurait bien voulu rendre international ce grand poste d’observation, sans doute pour offrir plus tard ses services au Portugal ! Chi lo sa?» – Vicomte de Pitray
«A l’extrême Occident, Perles de l’Atlantique
Dont l’horizon jaloux pare son cou vermeil.
Les Açores, malgré les baisers du Soleil,
Ont un air langoureux de Vierge Eucharistique,
Qui, d’avoir attendu longtemps l’époux mystique.
Et consumé sa lampe au fanal de l’éveil.
S’endormirait enfin d’un lourd et long sommeil
Ainsi que la Vestale au seuil du vieux portique.
Aucune ombre au tableau. Dans un décor rian
Des hortensias bleus comme un ciel d’Orient
Se pâment sur leur sein et voilent leur prunelle.
Une vague tristesse auréole leur front :
Elles virent le jour dans l’Océan sans fond
Et rentreront un jour dans la mer éternelle…» – Octave Houdaille
«(Etude psychologique)
S’il est vrai de dire des pays enchantés comme des peuples heureux qu’ils n’ont pas d’histoire, peut-on, du moins, tenter, dans cette étude, d’esquisser la psychologie esthétique des Açores?
Il semble difficile, si l’on veut porter sur elles un jugement vrai, d’isoler l’impression vécue du fait de leur constitution physiologique.
Ce qui frappe en effet l’observation, c’est le contraste étrange et, en apparence, contradictoire entre le sentiment du premier contact et les sensations ultérieures.
La première impression est tout à la joie, à la joie de vivre. Du plus loin qu’on aperçoit les « perles de l’Atlantique », qui sem- blent enroulées amoureusement au cou de l’Océan, on est irrésistiblement captivé. Ce chatoiement de couleurs des habitations éparses, cette Nature idéalement calme et sereine, cet épanouissement de flore merveilleuse mettent dans l’âme un reflet de beauté si lumineuse que le charme s’impose; on le subit, sans plus, dans l’attente d’un choc en retour de béatitude chez les insulaires. Et si, au début, on cherche à analyser son plaisir, on constate par la suite que toutes les unités éparses concourent harmonieusement au plaisir des yeux. Puis, après une lente période d’incubation, sans que l’impression originaire ait varié, sans qu’aucun élément extérieur ou intérieur n’intervienne, soudain, comme si une ombre vous frolait, la vision pâlit, une indéfinissable mélancolie flotte autour de vous. Pourquoi? Est-ce la tristesse spéciale qu’éveille en nous tout ce qui est beau? Peut-être. Mais il y a autre chose. Cette tristesse, qui ne l’a éprouvée surtout le soir quand, après une journée admirable où le cœur se dilate, on revient ensemble à cette Heure indécise où le jour lutte encore contre les ténèbres dans la splendide nudité du coucher de soleil dont la pourpre frange de teintes orange-améthyste les dernières lueurs du crépuscule. Alors toutes les conversations particulières se taisent, comme si un mot d’ordre scellait la gaieté sur les lèvres. Plus spécialement dans l’intimité de la Nature, chaque atome de beauté se résoud en vibration de musique pour l’âme, et la musique des grands maîtres, qui n’en est que le reflet, est profondément triste parce que profondément belle….. Pour ma part, une chose m’a toujours frappé : c’est que dans les drames lyriques les plus anciens et les plus connus, où la classique chanson à boire a pour but de servir de détente à la fois au musicien et aux auditeurs, il n’y en a pas une qui ait atteint son but de déridement. Elles suent, — à travers l’essoufflement du compositeur, — un morne abattement, qu’il s’agisse de la Traviata, de Faust, d’Hamlet. Et c’est une loi reconnue que l’instant qui suit l’audition des grandes œuvres est une heure de douloureuse confrontation intérieure.
Un fait étrange, c’est qu’au milieu de cette collaboration admirable de la Nature en fleurs et du ciel toujours clément, dans ces îles où on ne connaît ni été, ni hiver, mais un éternel printemps, les habitants de ces parages enchantés y sont tristes. Oui, tristes. Bien menteur est le quatrain de l’opérette qui proclame en rimes riches que « les Portugais sont toujours gais ». Pas ceux des Açores, assurément. Ils ont tous la même marque distinctive, le même cachet d’origine : la mélancolie, non pas cette mélancolie des peuples du Nord dont l’âme semble toujours refléter dans les yeux le spleen infini des horizons voilés, mais une sorte de spleen spécial par lassitude de surabondance pléthorique; quelque chose comme une neurasthénie de beauté et une espèce de nostalgie des régions troublées. Cet état d’âme qui, au premier abord, semble incompréhensible et d’un bizarre anachronisme, n’est qu’un reflexe déformé de la Nature sur le miroir humain. Ce miroir subit aussi la buée d’autres ambiances. Ce ciel changeant où glissent, semblables à des gondoles diaphanes, de légers nuages fuselés frangés de couleurs les plus contradictoires, parait parfois présager la pluie ou l’orage. Quand les nuages se font plus denses, on dirait que les cataractes du ciel vont s’ouvrir et que le tonnerre va gronder. Fausse alerte, à peine quelques gouttes de pluie sont-elles tombées que, — tels dans les féeries, — les nuages se déchirent aussitôt, et le ciel reprend sa sérénité. Détail caractéristique : aux Açores, les orages restent toujours à l’état de menace platonique. A quelques milles de là, en pleine mer, des tempêtes terribles assaillent souvent les navires: des orages secs où la foudre est particulièrement redoutable, flambloient au loin, sinistres météores; mais comme si une loi mystérieuse imposait une invisible barrière aux éléments déchaînés, ils tournoient et rôdent, ainsi que des oiseaux de malheur, autour des îles sans oser y pénétrer. On croirait qu’ils les contemplent avec une sorte de respect superstitieux……
[…]
Ces impondérables, nous les avons senti passer à de certains moments, là-bas, aux Açores, et, à côté du voile du bonheur,
nous avons entrevu — pesant sur elles — le voile de l’avenir, qui seul peut expliquer la sorte de maladie mélancolique des habitants de ces terres enchantées, où la boue mal essuyée des volcans à peine assoupis coudoie la plus merveilleuse floraison qui soit -au monde. Toute la psychologie de certaines neurasthénies n’est-elle pas dans le contraste entre « le vivre» et « l’apparence de vivre ». Or, les Açores vivent, mais elles connaissentleurs origines, le processus de leur maladie, et elles savent que leurs jours sont comptés. Car cette floraison merveilleuse qui les pare est un mirage ; cette profusion inouïe d’hortensias d’un vert bleu éblouissant qui cerclent les routes et jusqu’aux moindres sentiers, ainsi que la barrière magique du jardin d’Armide, enguirlandent et voilent la mort… Ce sont des fleurs jetées sur un futur cimetière… Oui, ces îles prestigieuses disparaîtron un jour dans l’abîme où elles virent le jour. Sorties des flots, elles y rentreront. C’est là leur sort plus ou moins éloigné, mais inévitable. Et l’échéance fatale, elles vivent en attendant leur rêve ensevelies sous les fleurs — comme Ophélia près du lac d’Elseneur…
[…]
Au moment où nous allions redescendre le sentier abrupt qui dévale aux flancs de la montagne, nous aperçûmes, debout devant une cabane grossière, un homme de race noire, jeune, de haute stature, aux formes impeccables. Immobile, et sans même paraître s’apercevoir de notre présence, il regardait au lointain, les yeux perdus dans l’espace. C’était un superbe nègre de race
royale [Molungo ou Zixaxa], déporté en 1895 au Mont Brasil, à la suite du soulèvement indigène dans la possession africaine portugaise de Lourenzo-Marquez. Ils étaient trois noirs vaincus prisonniers ensemble cette époque aux Açores. Deux étaient morts déjà, rongés par la phtisie. Et maintenant, il restait seul, guetté lui aussi par l’implacable maladie, doublée d’une nostalgie incurable. Jour et nuit, sur le seuil de sa prison à air libre et à ciel découvert, ce bel athlète se consumait insensiblement, séparé de sa femme et de ses enfants, sous le regard bleu de l’Océan…
En cet instant, le décor riant se fondit pour nous en une teinte morose. On eût dit que, du haut de la vieille forteresse, le voile du bonheur, glissant sur les flots, s’épaississait de toute la tristesse des choses…
Nous redescendîmes en silence. Et durant toute la soirée, nous avions beau faire, nous ne pouvions chasser la vision interposée. A travers le paysage assoupi, nous sentions peser sur nous, dans la nuit, — se détachant en relief, face à la mer, — le profil fier et douloureux du prisonnier africain qui tranchait sur la Nature ensoleillée comme une tache de sang sur des fleurs…» – Octave Houdaille
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Fotografias muito interessantes que muito esclarecem sobre os Açores.
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